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Le pr�sent document, qui examine la doctrine et la pratique de la responsabilit� minist�rielle, vise � donner suite aux directives que le Premier ministre a �mises � l'intention du pr�sident du Conseil du Tr�sor suivant le d�p�t du rapport de la v�rificatrice g�n�rale de novembre 2003.[1]Ce rapport, de par son enqu�te sur les programmes de commandites et les activit�s de publicit�[2], a attir� l'attention du Parlement et du public sur la question de la responsabilisation. Plusieurs autres mesures ont aussi �t� prises pour donner suite aux pr�occupations exprim�es sur la mauvaise gestion du programme des commandites et de publicit�, notamment la cr�ation d'une commission d'enqu�te ind�pendante dirig�e par M. le juge�John�Gomery et charg�e d'examiner les agissements li�s aux programmes des commandites et de publicit�, et de formuler des recommandations afin d'�viter les cas de mauvaise gestion � l'avenir.
Depuis d�cembre 2003, des mesures ont �t� prises pour renforcer la responsabilisation dans divers secteurs d'activit� :
Le pr�sent rapport porte principalement sur le r�le du Parlement, du Cabinet et du Conseil du Tr�sor dans le cadre du r�gime de responsabilisation. Il traite sp�cifiquement des questions d'administration financi�re, plut�t que des politiques, parce que ce sont ces questions qui suscitent actuellement des pr�occupations en mati�re de responsabilit�. L'administration financi�re couvre les questions li�es � la politique administrative, � la gestion financi�re, aux plans de d�penses, aux programmes et politiques des minist�res, � la gestion du personnel et aux autres questions touchant l'utilisation prudente et efficace des ressources publiques.
Ce rapport compl�te l'Examen du cadre de gouvernance des soci�t�s d'�tat du Canada[3] et La Loi sur la gestion des finances publiques : Pour r�agir face � la non-conformit�. M.le juge�Gomery devra tenir compte des questions soulev�es et des engagements pris dans ce rapport, lorsqu'il formulera ses recommandations.
Le pr�sent rapport d�coule d'un examen approfondi des documents existants sur la doctrine de la responsabilit� minist�rielle et des consultations men�es aupr�s d'experts et de sp�cialistes reconnus dans le domaine. Les consultations sur le r�gime de responsabilisation se sont d�roul�es dans le cadre d'une s�rie de tables rondes auxquelles participaient des universitaires de renom, d'anciens et actuels ministres et sous-ministres, ainsi que d'autres intervenants.[4] Le d�roulement de ces consultations a �t� par ailleurs grandement facilit� par un document de travail, r�dig� par le professeur Donald Savoie (le r�cipiendaire de la bourse Simon�Reisman au Secr�tariat du Conseil du Tr�sor du Canada en 2004) et par la participation d'autres �minents observateurs du gouvernement canadien : Denis Desautels, ex-v�rificateur g�n�ral du Canada; Robert Marleau, ex-greffier de la Chambre des communes; et Camille Montpetit, ex-sous-greffier de la Chambre des communes.
Dans ce rapport, nous expliquons de fa�on assez d�taill�e la pratique de la responsabilit� minist�rielle au Canada, en mettant l'accent, en particulier, sur la fa�on dont�:
Compte tenu du caract�re central et de la complexit� du r�gime de responsabilisation, le gouvernement juge qu'il est important de commencer par bien comprendre les principes et les pratiques en vigueur au Parlement et au sein du gouvernement m�me. Les Canadiens, en d�terminant la meilleure marche � suivre, voudront savoir quels sont les m�canismes existants, quelles en sont les interrelations et comment ils ont �volu�. Comme nous le montrerons dans le pr�sent rapport, nous disposons d'un r�gime de responsabilisation solide, aux r�les bien d�finis, et profond�ment ancr� dans la tradition.
Les premiers chapitres du rapport exposent le r�gime de responsabilisation actuel. Au premier chapitre, nous donnons un aper�u de la responsabilisation dans un gouvernement responsable, suivi d'une explication sur le but d'un r�gime de responsabilisation, et nous pr�sentons la doctrine de la responsabilit� minist�rielle et sa pratique au Parlement et au gouvernement. Au deuxi�me chapitre, nous traitons du r�le du Parlement (en particulier de la Chambre des communes), examinons de fa�on assez approfondie le r�le des principaux m�canismes dont se sert le Parlement pour responsabiliser le gouvernement, et nous explorons les obligations de rendre des comptes des ministres et des hauts fonctionnaires dans ce contexte. Au troisi�me chapitre, nous nous penchons sur les aspects essentiels de la responsabilisation au sein du Cabinet, en abordant le r�le du premier ministre et du Bureau du Conseil priv�, et nous examinons la fa�on dont les ministres et les sous-ministres g�rent l'inferface polico-bureaucratique. Au quatri�me chapitre, nous d�crivons le r�le central que jouent le Conseil du Tr�sor et son secr�tariat relativement � la responsabilisation de gestion, notamment en ce qui a trait aux responsabilit�s des sous-ministres en mati�re de gestion financi�re.
Le dernier chapitre du rapport d�crit un cadre de r�forme. Dans ce contexte, il importe de retenir les principales le�ons tir�es des tentatives de r�forme pass�es. En sachant d'o� nous venons, nous pourrons mieux choisir notre voie. Le gouvernement fonctionne dans un environnement difficile, et les r�formes, au Parlement aussi bien qu'au gouvernement, peuvent s'av�rer tr�s co�teuses si elles ne sont pas planifi�es et ex�cut�es avec soin. Les r�formes doivent nous faire avancer, non reculer. Au cinqui�me chapitre, nous d�crivons bri�vement chaque �l�ment du cadre et pr�sentons les �l�ments suivants pour chacun des principaux m�canismes de responsabilisation au Parlement, au Cabinet et au Conseil du Tr�sor�:
Les mesures pr�cises � prendre pour renforcer la responsabilisation sont contenues dans le rapport intitul� L'am�lioration constante de la gestion au sein du gouvernement du Canada – Notre engagement.
Pour d�battre de la responsabilisation dans notre syst�me constitutionnel, soit le syst�me britannique de d�mocratie parlementaire, il faut d'abord comprendre comment ce syst�me fonctionne et pourquoi. M�me s'il s'est d�velopp� progressivement et s'il est fond� sur l'�volution des valeurs d�mocratiques plut�t que sur des concepts abstraits ou statiques, il est un syst�me profond�ment int�gre. Les r�les des diff�rents intervenants se compl�tent en un �quilibre d�licat. C'est donc � la fois un syst�me �volutif qui s'est adapt� aux circonstances et une structure organique dans laquelle les changements survenant dans un secteur se r�percutent in�vitablement dans un autre. Dans cette partie, nous pr�sentons un aper�u du r�gime de responsabilisation. Nous explorerons plus en d�tail dans les parties suivantes chacun de ses �l�ments constitutifs.
Le syst�me de gouvernement britannique se d�finit par les caract�ristiques distinctives de la responsabilisation�: les principes ins�parables de la souverainet� parlementaire et du gouvernement responsable. Dans ce syst�me constitutionnel, le Parlement peut adopter toute loi qu'il souhaite, dans les limites de la constitution — par exemple, le partage des comp�tences en vertu de la Loi constitutionnelle de 1867, et les droits �nonc�s dans la Charte des droits et libert�s. Dans ce syst�me, le pouvoir ex�cutif est responsable devant la l�gislature, c'est-�-dire que le gouvernement du jour reste au pouvoir tant et aussi longtemps qu'il continue � jouir de la confiance de la Chambre des communes �lue. L'ex�cutif est donc tenu de rendre compte � la l�gislature de l'exercice de son pouvoir, qui ensemble sont comptables devant l'�lectorat. Parce que, dans ce syst�me, les membres de l'Ex�cutif si�gent � la l�gislature et doivent avoir la confiance de celle-ci, leur obligation de rendre des comptes n'est pas seulement une notion th�orique hypoth�tique, c'est une r�alit� quotidienne constante � la Chambre.
Les ministres qui, ensemble au sein du Cabinet, forment le gouvernement en place, exercent le pouvoir ex�cutif dans ce syst�me. Ces ministres, qui agissent essentiellement par l'interm�diaire d'une fonction publique non partisane, doivent rendre des comptes au Parlement, � la fois individuellement et collectivement. Toutes les obligations de rendre des comptes au gouvernement du Canada d�coulent de l'obligation individuelle et collective des ministres de rendre des comptes au Parlement.
M�me si le Parlement n'exerce pas de pouvoir ex�cutif, il est le principal garant de la responsabilisation du gouvernement, puisqu'il examine les politiques et les actions du gouvernement et oblige ce dernier � en rendre compte. Le Parlement dispose d'un �ventail d'outils pour ce faire, allant de son r�le dans l'adoption des lois � l'examen et � l'approbation des d�penses publiques, en passant par la p�riode des questions. Mais m�me si l'outil pr�cis varie, le contexte reste le m�me, soit celui des politiques partisanes. Le Parlement et son appareil sont essentiellement politiques.
Concepts cl�s de la responsabilit� minist�rielle
Dans l'explication de la th�orie et du fonctionnement de la responsabilit� minist�rielle, le gouvernement distingue trois concepts centraux : la responsabilit�, la responsabilisation et l'obligation de s'expliquer. La responsabilit�, outre qu'elle d�signe la relation constitutionnelle qui unit les ministres � la Chambre, dans un gouvernement responsable, fait �galement r�f�rence � la sph�re � l'int�rieur de laquelle le titulaire d'une charge publique (�lu ou non) peut exercer ses fonctions et qui est d�finie par les pouvoirs particuliers accord�s au titulaire de cette charge publique par la loi ou par d�l�gation. La responsabilisation est le moyen utilis� pour expliquer et exercer une responsabilit�. Elle sous-entend qu'il faut rendre compte de la fa�on dont les responsabilit�s ont �t� exerc�es; prendre des mesures correctives et r�gler tout probl�me qui a �t� relev�; et, selon les circonstances, accepter les cons�quences personnelles si la situation est attribuable aux actions ou omissions du titulaire de la charge publique. L'obligation de s'expliquer fait r�f�rence � l'obligation d'informer et d'expliquer. Elle a une moindre port�e que la responsabilisation en ce sens qu'elle ne comporte ni la responsabilit� de prendre des mesures ni les cons�quences personnelles associ�es � la responsabilisation. |
La responsabilit� politique des ministres, ou leur obligation de rendre des comptes au Parlement, est un �l�ment important de la d�mocratie �lectorale. Cependant, cet �l�ment n'est pas le m�canisme politique par lequel les fonctionnaires sont tenus de rendre des comptes, c'est plut�t par la gestion. Les sous-ministres doivent rendre compte devant leurs ministres, le premier ministre et le Conseil du Tr�sor de l'exercice de leur pouvoir de mettre en œuvre des politiques et en particulier dans le domaine de l'administration financi�re. La responsabilit� politique n'est pas non plus le moyen de d�terminer la responsabilit� civile ou criminelle en cas d'actes illicites, qui rel�ve plut�t du syst�me judiciaire. Les sanctions associ�es � la responsabilit� minist�rielle sont politiques, et vont de mettre un ministre dans l'embarras, avec pour cons�quence la perte de son statut politique, � une extr�mit� du spectre, jusqu'� la chute possible du gouvernement, � l'autre extr�mit�.
Comme nous l'avons mentionn�, nous explorerons plus � fond tous ces �l�ments du r�gime de responsabilisation dans le pr�sent rapport, mais ce qui ressort de cet aper�u du gouvernement responsable, ce sont les r�les distincts et bien �quilibr�s de chacun des diff�rents intervenants du syst�me. Les ministres exercent le pouvoir ex�cutif en fonction de l'appui politique qu'ils re�oivent du Parlement; ils sont donc responsables au niveau politique devant le Parlement. Pour sa part, le Parlement n'exerce pas de pouvoir ex�cutif, mais il veille � ce que ce dernier soit exerc� convenablement. Les m�canismes dont il dispose pour y parvenir sont politiques et partisans. Ils doivent �tre utilis�s de mani�re responsable pour renforcer l'obligation de rendre compte et non comme succ�dan�s � l'examen minutieux et r�fl�chi. Les fonctionnaires, en tant qu'instruments par lesquels les cabinets successifs mettent en œuvre leurs politiques et leur programme op�rationnel, doivent respecter les principes et les valeurs leur permettant d'appuyer efficacement et sans parti pris les diff�rents gouvernements. Ils doivent rendre des comptes avant tout � leurs ministres en regard de leur mandat, surtout en mati�re de gestion, conform�ment � ce r�le.
Le gouvernement doit rendre compte des politiques qu'il adopte et des moyens par lesquels il les met en œuvre. Dans le contexte actuel cependant, les sujets qui rev�tent un int�r�t particulier sont la responsabilit� et la responsabilisation des ministres et des hauts fonctionnaires en mati�re d'administration et de gestion financi�res dans l'application des politiques. Par cons�quent, dans ce rapport, nous mettrons l'accent sur la responsabilit� et la responsabilisation � l'�gard de l'administration financi�re. Dans notre syst�me de gouvernement responsable, le r�gime de responsabilisation doit :
Le comportement des ministres et des fonctionnaires, et les r�formes du r�gime de responsabilisation doivent �tre guid�s par une vision de bonne gestion. �tant donn� que pour bien g�rer, il faut non seulement se conformer � de bons syst�mes de contr�le, mais aussi favoriser la cr�ativit� pour assurer une am�lioration continue, il ne faudrait pas viser � �liminer toutes les erreurs � tout prix. Une bonne gestion suppose que�:
Dans l'�valuation du r�gime de responsabilisation, il faut tenir compte des objectifs du r�gime, examiner les pratiques rattach�es � chacun des �l�ments d'une bonne gestion, d�terminer si cette vision de la gestion est respect�e et juger si le cadre de r�forme propos� donnera lieu � l'adoption des mesures n�cessaires � l'atteinte de cet objectif.
Le gouvernement a pris des mesures pour am�liorer la responsabilisation et il continuera r�solument dans cette voie � l'avenir. Le syst�me de gouvernement britannique est �volutif et peut s'adapter au changement qui correspond � son esprit fondamental, mais ce changement doit �tre le r�sultat d'une r�flexion plut�t que d'un r�flexe. Il est possible de tirer des pratiques qui ont cours dans un r�gime de responsabilisation des le�ons qui orienteront les r�formes futures�:
Comme le faisait observer le greffier du Conseil priv� dans son Douzi�me rapport annuel au Premier ministre sur la fonction publique du Canada : ��[Nous ne saurions] tol�rer des infractions � la loi ou des transgressions � nos valeurs ou � notre code d'�thique… Cela dit, nous ne pouvons nous permettre de b�tir des syst�mes sur la m�fiance. Il n'est pas question de faire marche arri�re, c'est-�-dire de r�tablir les paliers hi�rarchiques et de r�glementer au cas par cas. Il ne saurait �tre question non plus de traiter de la m�me fa�on toutes les erreurs. Certaines erreurs, commises en toute bonne foi, sont in�vitables, tout particuli�rement dans une organisation qui valorise l'innovation et la cr�ativit�. La responsabilisation suppose un compte rendu honn�te et exact de toutes les d�cisions prises, y compris des erreurs commises; nous devons faire la preuve que nous avons appris de nos erreurs et que nous avons appliqu� les mesures qui s'imposaient. Cependant, la responsabilisation ne peut en aucun cas se limiter � la d�signation d'un coupable.��
Apr�s un examen minutieux des conseils et recommandations des personnes �minentes qui ont �t� consult�es, le gouvernement a �labor� un cadre pour renforcer le r�gime de responsabilisation. Celui-ci tire profit des nombreuses initiatives d�j� prises et compl�te les principes fondamentaux de la responsabilit� minist�rielle. Le cadre permettra ce qui suit�:
Nous exposons, au cinqui�me chapitre, les �l�ments d�taill�s de ce cadre. Les mesures pr�cises � prendre pour renforcer la responsabilisation sont contenues dans le rapport intitul� L'am�lioration constante de la gestion au sein du gouvernement du Canada – Notre engagement. Avant d'�tablir d�fnitivement ses plans � ce chapitre, le gouvernement tiendra compte soigneusement des recommandations que M. le juge Gomery formulera dans son rapport final.